Je faisais ma fiérote il y a quelques semaines sur ma première page avec mon voyage en famille en Thaïlande mais depuis quelque temps je suis angoissée rien qu'à l'idée d'y penser. Que s'est-il passé? allez-vous me dire.
Je n'aime pas l'avion et j'ai de bonnes raisons pour cela. La catastrophe de Malaisien Airlines, me glace, me tétanise, m'angoisse. Il a fallu que ce soit justement un avion en Asie qui se scratche avec en plus à bord des Français à 4 mois de mon premier grand périple avec mes 3 choux.
Depuis, ma curiosité malsaine ne cesse d'écouter ou de regarder toutes les infos sur ce drame. Oui, je suis maso!!! Mais j'ai l'impression que si je savais ce qui s'était passé, cela m'aiderait à avoir moi peur.
Et pourtant, il est hors de question d'annuler mon voyage et hors de question de rentrer en transe 24 heures avant le départ pour communiquer à mes choux mon angoisse.
Il faut donc gérer cette émotion.
Évitez de me dire que l'avion est le moyen de transport le plus sûr. Parce que quand vous êtes dedans à 10000 mètres d'altitude, vous en avez carrément rien à foutre des statistiques!!!???
Cette semaine, je suis tombée sur mon journal écrit pendant mon séjour au Mexique en 1997. Vous savez, j'ai passé un an à Mexico city en tant qu'étudiante et stagiaire.
J'ai hésité avant de faire un billet sur ce thème de la peur en avion et de vous retranscrire ces quelques lignes qui vont suivre car je ne veux pas semer la panique parmi vous.
Mais à la fois, je trouve que c'est un témoignage assez atypique. Je pense avoir eu la CHANCE de vivre une expérience comme celle-là et cette année au Mexique a changé ma vie.
Excusez mon style de l'époque. J'avais 22 ans et je partais sans vraiment savoir où j'allais mettre les pieds, un an dans cette ville folle de 22 millions d'habitants, à 2300 mètres d'altitude (fumer devient un exploit sportif) et aussi la plus polluée du monde. On l'appelle la ville de tous les superlatifs.
Maman m'a déposé à l'aéroport de Roissy, c'était un jeudi après midi, le 20 mars 1997. Je peux encore vous dire comment elle était habillée ce jour là car dans quelques heures l'image de nos adieux restera figée dans ma tête.
"Je vais essayer de vous raconter en quelques mots les 30 heures que je viens de vivre. Nous sommes le jeudi 20 mars, il est 13h et je rentre dans l'avion accueillie par la musique des Mariachis. Je suis en train de réaliser que ça y est, je m'en vais pour un an à Mexico. Je suis assise à la place 39A. C'est à dire tout au fond de l'avion près du hublot. A côté de moi, un américain (environ la cinquantaine), plutôt repoussant physiquement (je vous passe les détails). Tout le monde se détend, le repas est servi, le film commence,...je m'endors.
A peu près 5 heures après le décollage de l'avion, nous sommes au-dessus de l'océan Atlantique, le commandant de bord nous adresse ce message surréaliste:
"mesdames et messieurs, comme vous l'avez remarqué, nous faisons demi- tour vers l'Irlande, un appel anonyme nous a signalé la présence d'une bombe à bord. L'appel a été pris au sérieux par l'équipe de psychologues de Roissy . Nous nous dirigeons vers l'Irlande où nous allons atterrir de toute urgence. Préparez-vous à sortir par les toboggans"
Durant quelques secondes, je me demande si je dors encore ou si je suis en plein film d'horreur. Je réalise que je suis bien réveillée. Dans l'avion, l'ambiance survoltée des futurs vacanciers s'est soudainement calmée. Tout le monde commence à poser des questions et l'équipage qui garde son sang-froid va répondre à chaque question avec une vérité glaçante: "Oui, c'est sérieux, oui il y a de fortes chances qu'il y ait une bombe à bord, ne vous inquiétez pas avec une bombe c'est très rapide et vous ne sentirez rien. Tout ira très vite.
"
A l'intérieur de moi, c'est la panique!!! Je pars fumer une cigarette pour me calmer. Je constate que les gens sont inquiets. Un silence lourd et pesant s'installe, seuls quelques enfants innocents jouent dans les allées.
Nous savons que nous allons atterrir en Irlande de toute urgence alors nous guettons par le hublot ce petit bout de terre qui va peut-être nous sauver.
Je regarde la mer en bas et j'ai peur. Je ne peux m'empêcher de voir le sourire de maman qui m'a déposée il y a quelques heures à l'aéroport, heureuse pour moi mais inquiète comme n'importe quelle mère qui laisse partir sa grande fille un an dans un pays qu'elle ne connaît pas. Alors je me mets à pleurer.
C'est la première fois qu'avant de partir, j'ai eu le temps de dire au-revoir à tout le monde, est ce un signe? Ma vie se termine t-elle là dans cet avion au-dessus de l'Atlantique. Non c'est trop con et trop injuste. J'avais pleins de projets pour moi dans les prochaines années.
Et puis très vite les images de l'accident TWA m'apparaissent. Les journalistes avaient expliqué que les passagers du fond de l'avion avaient eu le temps de voir l'avion prendre feu. 6 secondes s'étaient écoulées avant que l'avion entier n'explose. Je fixe l'avant de l'avion et je me répète: "ça va péter ou ça ne va pas péter???".
Ça y est nous arrivons en Irlande même si nous sommes encore hauts, je me sens déjà sauvée. Mais à peine arrivés au- dessus de l'aéroport, nous sentons l'avion faire demi-tour et repartir vers l'océan. L'explication va nous être donnée rapidement. Nous sommes trop lourds en kérosène pour atterrir et il nous faut le vider au large.
Au moment où l'avion lâche le kérosène à quelques centaines de kilomètres des côtes irlandaises, c'est la panique dans l'avion car cela donne l'impression d'une fumée qui s'échappe des ailes.
Ce petit manège va durer 2 h30.
2h30 où j'ai vu défiler ma vie. Nous allons atterrir en Irlande. Nous nous apprêtons à sortir de l'avion par les toboggans, mais les Irlandais ont tout prévu. Les pompiers sont là. Nous allons passer 20 heures à 300 passagers dans l'aéroport de Shannon. Nous repartirons ensuite sur Paris où les 1/2 de l'avion va descendre car le voyage au Mexique est terminé pour eux.
Au bout de 24 heures, je connais l'histoire de la plupart de ces passagers. Il y a cet allemand qui veut absolument être là pour l'anniversaire de sa femme, il y a ce couple qui part en voyage de noces, tous ces vacanciers qui doivent écourter leur séjour de 2 jours, il y a des bébés fatigués par ce voyage qui ne se termine pas, ... Et il y a cette femme qui habite au Mexique et qui a une fille de mon âge restée là-bas et qui me prend sous sa protection.
J'arrive à Paris. Nous sommes vendredi 21 mars, il est 20h30. Mes parents avec qui j'ai été en liaison de manière permanente en Irlande me proposent de venir me chercher et reprendre un avion pour le Mexique dans une semaine ou deux.
Je sais que si je ne remonte pas dans cet avion ce soir, j'aurais beaucoup de mal à le reprendre dans quelques jours.
Je ne sais quelle décision prendre et j'entends mon nom appelé deux fois déjà pour embarquer.
Pour vivre cette année au Mexique, je me suis battue. Je ne peux pas y renoncer non plus.
Je remonte dans l'avion. Le même en l’occurrence.
Mon voisin qui doit rentrer aux USA, est dans l'avion aussi.
Il me dit: "Is it the same plane?? YES, I answer to him. So it 's the same BOMB." Sympa l'amerloque, hyper rassurant!!!!
Je veux changer de voisin à défaut de changer d'avion.
J'arrive samedi matin à 3 h, heure locale à Mexico City.
48 heures pour faire un Paris-Mexico sur Air France.
L'ambassade de France à Mexico m'a assuré que les Irlandais avaient trouvé 4 colis suspects dans l'avion mais Air France a toujours nié.
Pendant quelques mois, cet incident m'a donné l'impression d'être immortelle car j'avais échappée par chance à cet attentat. Alors même si j'ai pris l'avion pour l'Afrique, l'Asie et L'Amérique du Sud depuis, ce n'est pas un plaisir pour moi. C'est le prix à payer pour le plaisir et le bonheur que me procurent mes voyages.
Ma recette pour gérer les longs courriers: boire une bouteille du mauvais vin servis dans l'avion et faire un gros dodo jusqu'à l'arrivée. Alors si un jour vous me croisez dans un avion, ivre morte, vous saurez pourquoi!!
Je suis sûre que vous avez des commentaires à faire sur mes péripéties en avion. N'oubliez pas le concours sur Instagram, il y a un cadeau à gagner pour le centième inscrit sur lesballadesdege.
Voici un petit article de l'époque dans le Figaro, je pense.